jeudi 22 janvier 2009

Je suis mentalement divergent.

Allez, une nouvelle :
"En fait je n'ai jamais essayé d'écouter sa musique. Sa tronche, déjà, me répugnait.
Une sorte de long visage inexpressif, faciès hypocrite des gens qui n'ont que peu souffert.
Alors que lui passait ses journées à triturer son manche, à l'astiquer dans tous les sens, moi je devais me coltiner le sale boulot, gagner ma croûte, survivre.
Payer pour lui.
J'avais la haine.
Et c'était larvé, je me gardais bien de lui parler de tout ça, je me devais de le protéger, de le chérir.
Puis l'abcès est devenu purulent, petit à petit.
J'en faisais des cauchemars, j'arrivais en sueur au travail, la douche attendait, oui elle attendrait car le prix de l'eau est fucking exorbitant de nos jours, tu le sais baby.
Lui était propre, rasé, et moi puant comme une charogne hirsute.
Mon visage autrefois poupin se dégradait à mesure que lui prenait de l'assurance, mes dents se fendaient, pendant que son sourire aurait pu couper la soute d'un paquebot rempli de nonagénaires en goguette.
Il se produisait de temps en temps dans le bar juste en bas de chez moi, avec son groupe de requins.
Il n'avait pas fallu trop de temps ni de séances de brainstorming pour accoucher du nom du groupe : c'était son prénom.
Et ce roi de la mauvaise foi chronique osait colporter à tous que c'était moi le prétentieux !
Bref.
J'ai été les écouter un soir, ivre de douleur, avec tout ce pastis dans le nez, un monceau de haine rouge à moi tout seul.
J'en voulais à la Terre entière, mais surtout à lui.
Son bonheur irradiait, et moi je pourrissais dans les abîmes de l'Enfer pur.
C'était un étrange processus qui s'était mis en marche : plus il était heureux, et plus je m'enfonçais.
A working class hero is something to be.
Mes cheveux tombaient par grappes, et des boutons d'acné réapparaissaient sur mon visage anémié, alors que les difficiles et ingrates années d'adolescence étaient bien loin.
J'ai subi le fouet de leurs morceaux ineptes.
Les paroles étaient inaudibles, mais il essayait quand même de faire croire à son immersion totale dans les morceaux.
Tout cela n'était que façade, je le savais, mais les gens étaient dupes : ils applaudissaient à tout rompre après chaque fin de chanson.
Après le rappel, je suis allé les voir à la table où ils s'étaient installés avec leur clan, au fin fond du bar.
Je me suis assis près de lui, et il a été très maternel quand il a commencé à me nettoyer les oreilles avec un coton-tige."

1 commentaire:

Lorah a dit…

ouaah moi je dit, écrit un livre !! ;). C'etait ta vie sa ??? C'est tellement triste mais c'est trop bien écrit qu'oui :)