mercredi 2 juin 2010

Vu d'ici je crève.

Fragilisé par le manque de concerts, je me terre chez moi, ne sortant
que pour aller travailler et gagner ainsi ma croûte, qui est avalée
directement par la Machine à Broyer, sans même passer par mes mains.
Je pense à tout arrêter, mais tu es là, Ombre suspecte et non pas Onde
sensuelle.
Toute la différence entre la working class et les fils de.
Tu me chuchotes que je n'ai peut-être pas tout essayé, même si je
pense l'inverse.
Des années à envoyer du disque partout.
Je crois même que j'ai envoyé des cassettes, c'est vous dire combien
d'années je me suis accroché.
Les premiers accords, les groupes de reprises, les premières compos sur le magnétophone, les premiers groupes avec les potes et les bières dans le local de répet, les premiers concerts où l'on gerbe avant de monter sur scène, les engueulades à cause des petits egos enflés, les premiers splits, l'euphorie de jouer plusieurs fois par semaine, l'alcool, l'obsession maniaque, appeler les programmateurs, les rappeler, la première fois en studio, douloureuse, où l'on se remet complètement en question, en ressortir plus fort avec l'Objet, les premières chroniques sur le net et dans la presse, les groupes parallèles, les beaux moments et les amitiés nées grâce à la musique, les EPs autoproduits, les albums maudits, la route, la route et encore la route, dormir sur la moquette, aller distribuer ses disques chez les majors et les indés, les premières parties formatrices, la télé.
Un beau jour on doit rendre les gants.
Et se laisser mourir.