vendredi 29 janvier 2010

Les hypers.

Elle regardait l'étal mollement, avec un regard bovin et vide.
Elle aurait pu être belle, si elle s'était maquée avec un assureur ou un fils de banquier, là elle frayait avec la classe ouvrière et à 27 ans elle en paraissait 39.
Elle avait la grâce d'un éléphant, et ses cheveux blonds, filasses et gras pendouillaient et jouaient avec les écouteurs de son téléphone portable dernier cri.
Les courses, l'événement hebdomadaire qui la faisait presque jouir quand elle y pensait, la veille, c'était ici et maintenant.
Ca l'excitait, comme en CM2 quand on sait qu'on va partir en voyage scolaire le lendemain et qu'on arrive pas à dormir.
Là elle y était, dans son hyper préféré, celui où elle avait ses marques. Ses repères.
Sécurité.
Habitude.
Sérénité.
Arthur.
TF1.
Les caissières avaient des crêtes, des cheveux crantés de gel, des houpettes gelées, ce genre.
Toutes faites dans le même moule, à discuter de leur Jules entre elles, bavassant et ressassant des semblants de conversations inutiles.
Je me demande encore ce que je faisais là, mais il le fallait.
Il fallait que je lui écrase ces oeufs bio sur la tête, que je regarde le jaune pisseux couler sur ses vêtements usés, même si ça n'a pas duré longtemps : la sécurité est venue illico presto, alertée par les cris aigus d'une petite vieille.
Je DEVAIS le faire.
Tu comprends ?

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